Dans son rapport sur l’impact territorial d’une réforme des professions réglementées, commandé par le ministère de l’Economie et remis hier 3 novembre à Bercy, le député Richard Ferrand plaide pour l’ouverture rapide de la prescription de verres correcteurs aux optométristes, à côté des délégations de tâches, et en respectant la séparation entre prescription et vente.
Pour Richard Ferrand, qui remet en lumière la démographie déclinante des ophtalmologistes, « l’ouverture de la prescription de verres correcteurs aux optométristes permettrait de pallier le manque d’ophtalmologistes sur le territoire national. »
Sa mission s’interroge sur le modèle retenu par le ministère de la Santé, à savoir les protocoles de coopération entre les ophtalmologistes et les orthoptistes qui, selon elle ne ferait « qu’entretenir le malthusianisme de la profession, au regard du numerus clausus qui s’impose aux étudiants, et par corollaire du développement du salariat qu’elle induit. » Elle « fait le pari de la réussite et de l’essaimage de cette stratégie, mais considère compte tenu de la progression démographique de ces deux professions, que cette organisation ne répondra, à moyen terme, qu’imparfaitement au problème démographique évoqué supra. »
Réflexion sur le contenu métier de l’optométriste
Dans ce contexte, « nonobstant la démarche développée par le ministère de la santé, la mission estime qu’elle ne doit pas être exclusive d’une réflexion parallèle portant sur la reconnaissance du métier d’optométriste. Comme le rapport d’information du Sénat sur les coopérations entre professionnels de santé le préconise, la création de professions intermédiaires pourrait constituer une piste de réflexion intéressante. » Le rapport propose ainsi de « conduire une réflexion sur la reconnaissance du métier d’optométriste, à l’instar de la reconnaissance du métier d’infirmier clinicien », sur le contenu métier de cette profession et les compétences qui lui serait attribuées. Et, au « regard de l’urgence démographique, la mission estime que la reconnaissance de ce métier, qui devra nécessairement associer le ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, devrait intervenir dans des délais inférieurs à ceux qui ont prévalus pour celui d’infirmier clinicien. »
Étanchéité totale entre prescripteur et vendeur
Dans son rapport, Richard Ferrand explique que, en cas de reconnaissance effective de l’optométrie, « la question de l’exercice par un opticien de ce métier se pose au regard du principe de séparation entre le prescripteur et le vendeur. En effet, aujourd’hui, au regard de conditions de dispensation de la formation d’optométristes, 18 % des opticiens-lunetiers sont titulaires d’un diplôme d’optométriste. La mission rappelle qu’une étanchéité totale et réglementée du métier de prescripteur avec celui de vendeur doit être maintenue. » Concrètement, cela signifierait que, si la proposition du député était retenue par les pouvoirs publics, ceux qui choisiraient la profession d’optométriste ne pourraient plus être opticiens.
Notons que ce rapport intervient peu de temps après que le ministère de la Santé a annoncé garder la main sur le dossier santé visuelle et préparer, en concertation avec les organisations professionnelles de la filière, un vaste plan incluant ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens, mais sans reconnaissance de l’optométrie. Bercy et le ministère de la Santé semblent avoir du mal à accorder leurs violons...