Sollicitées par Fréquence Optic, les organisations représentatives d’opticiens et/ou d’optométristes donnent successivement leur point de vue, entre constats et préconisations, sur la question de la réduction des délais d’attente en ophtalmologie.
En 2017, le Syndicat national des ophtalmologistes de France avait lancé l’opération baptisée « Objectif zéro délai en 2022 ». Il s’agissait, en cinq ans, de réduire les délais de rendez-vous dans les cabinets. À l’époque, il fallait attendre 100 jours en moyenne pour décrocher une consultation. Le syndicat considère que les mesures qu’il a défendues auprès des pouvoirs publics commencent à porter leurs fruits. Selon ses estimations, le développement du travail aidé et la délégation des tâches auraient permis une baisse moyenne de 33 jours des délais de rendez-vous. Et pour accentuer cette dynamique, le syndicat a présenté fin mai un nouveau plan d’action pour en finir avec les zones médicalement sous-dotées à l’horizon des cinq ans, notamment en soutenant le développement des cabinets secondaires.
Et les organisations d’opticiens et/ou d’optométristes, quel regard portent-elles sur cet « Objectif zéro délai » ?
Réponse de l'Association des Optométristes de France (AOF), qui prend la parole à travers la voix de son président Yannick Dyant :
« Il y a effectivement un levier indispensable à exploiter pour réduire les délais à court terme : l’opticien. Il est le professionnel de santé de la filière visuelle le plus accessible et présent sur tout le territoire. Il a la capacité de garantir un accès aux soins visuels à tous les Français, en magasin ou en cabinet d’ophtalmologie.
Malheureusement, nos projections sont nettement moins optimistes que la récente étude du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF). Les propositions formulées auront peu d’effet à court terme, représentent un coût public considérable, et seront inefficaces. Les contraintes à l’installation des médecins fonctionnent difficilement, et s’appuyer sur les infirmiers sera une nouvelle fois source de tensions dans la filière.
Depuis plusieurs décennies, les pouvoirs publics ont suivi à la lettre les recommandations du SNOF. Le constat est sans appel : les besoins en santé visuelle sont exponentiels, et la capacité de soins des ophtalmologistes reste toujours très insuffisante, malgré un coût considérable pour la collectivité. Une nouvelle fois, par ces effets d’annonces, le SNOF défend ses intérêts, au détriment de l’accès aux soins et au détriment des autres acteurs de la filière.
En droite ligne avec le récent rapport IGAS-IGESR, nous militons pour un recours aux opticiens. Plus important encore, nous appelons tous les acteurs de la profession d’opticien à œuvrer pour développer les compétences en santé des opticiens, et à s’exprimer pour dessiner, d’une voix unie, les contours de l’opticien 'de santé' de demain. »
Source : Fréquence Optic