Cortisone, traitements de l'arthrite, du cœur... Certains médicaments peuvent détériorer la vision, de manière temporaire ou permanente.
Medisite.fr dresse la liste des produits dont vos clients doivent se méfier et fait le point avec le Pr. De Smet, ophtalmologiste et membre de la SFO (Société française d'ophtalmologie)
Les corticoïdes
Pris de manière prolongée, les corticoïdes sont susceptibles de provoquer une cataracte, soit une baisse progressive de la vision pouvant aller jusqu'à la cécité. « Surtout lorsqu'ils sont utilisés par voie topique (collyres ou injections au niveau des yeux), ils peuvent entraîner une augmentation de la tension oculaire et un glaucome chronique, sans symptôme jusqu'à une perte sévère et irréversible de la vision », explique le spécialiste.
Les traitements de l'arthrite
La chloroquine et l'hydroxychloroquine (Plaquenil) sont quant à eux agressifs pour la rétine. Les symptômes peuvent être réversibles mais parfois la perte de vision peut s’avérer définitive, surtout « lorsque les doses prescrites sont élevées ou lorsque l'usage est prolongé, avec une prise pendant plus de 5 ans », précise le Pr. De Smet. En prévention, il recommande un suivi chez l'ophtalmologiste dès le début du traitement et un contrôle annuel.
Les médicaments pour le cœur
Certains traitements prescrit en cas de trouble cardiaque, comme l'amiodarone, peuvent aussi entraîner des problèmes oculaires (vue trouble, altération des couleurs, infiltrations dans la cornée). Si le plus souvent les symptômes sont réversibles avec l'arrêt du médicament, « jusqu’à 2% des patients sous amiodarone notent une perte progressive de la vision des deux yeux durant la première année du traitement. Celle-ci est causée par une neuropathie au niveau du nerf optique, souvent irréversible si elle est décelée tardivement », prévient l’ophtalmologiste.
Les « pilules bleues »
Les pilules pour favoriser l'érection (Viagra, Cialis, Lévitra) peuvent aussi s’avérer dangereuse pour la vue si elles sont utilisées à des doses supérieures à 200 mg. La vision peut devenir.... bleutée ! Généralement, le phénomène n’est que transitoire et disparaît au bout de 4 heures environ.
Antidépresseurs et anxiolytiques
Du côté des antidépresseurs, Médisite pointe du doigt Effexor, Cymbalta, Zoloft... et le Lexomil pour les anxiolytiques. Ils peuvent être la cause d’un glaucome aigu, avec une augmentation rapide de la tension oculaire. Cela se manifeste par des halos lumineux, une vision qui se brouille, des nausées et des douleurs. « Celui-ci est réversible si on arrête immédiatement le médicament en cause et que l'on suit un traitement anti-glaucomateux. En revanche, s'il n'est pas traité, l'oeil finit par s'y habituer, il ne fait plus mal. Si la tension oculaire reste élevée, celle-ci peut mener à la cécité au bout d'un certain temps. D'où l'importance de consulter en urgence », prévient le Pr. De Smet.
Les antituberculeux
Là aussi existe un risque de « neuropathie touchant le nerf optique et entraînant une perte de vision qui peut être irréversible si les doses sont très élevées, en usage prolongé, ou si le médicament n'est pas arrêté assez tôt" explique l’ophtalmologiste. Environ 10% des patients peuvent avoir ce type de symptômes, avec un risque qui augmente chez les personnes diabétiques, souffrant de maladies rénales et chez les plus de 60 ans.
« La liste énoncée ci-dessus ne fait mention que d’un certain nombre de médicaments en usage courant. D’autres peuvent affecter la vision, en particulier les médicaments utilisés dans le traitement des cancers, fait savoir medisite.fr. Les agents biologiques qui servent dans le traitement des maladies rhumatoïdes et immunologiques sont également impliqués ». « Les médicaments les plus dangereux étant ceux qui entraînent des neuropathies ou atteignent la zone maculaire. Certains de ces effets sont connus mais il faut être particulièrement prudent lorsqu'on utilise de nouveaux médicaments ou de nouvelles molécules » conclut le Pr. Marc de Smet.